Maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle (M.R.S.S.) ou thérapie sexuelle pour dysfonction d'étiologie organique
Résumé
Afin de mieux répondre à l'aspect multicausal des troubles sexuels, une démarche thérapeutique originale est proposée. Il s'agit d'une collaboration entre un traitement biomédical et un traitement psychosexuel. Les auteurs discutent de l'utilité d'une telle démarche, de sa pertinence, de la façon de la mettre en place.
Mots- clés
Thérapie sexuelle - Étiologie organique - Dysfonction sexuelle
Introduction
Lorsqu'un homme apprend que les résultats de ses examens médicaux pourraient expliquer sa difficulté à obtenir ou maintenir son érection, de quelle façon peut-on l'aider? Souvent, cela est vécu comme un handicap très difficile à accepter. Les hommes qui apprennent qu'ils ont une fuite veineuse du corps caverneux gauche, ou encore que leurs artères caverneuses sont bloquées à 20%, ont beaucoup de difficulté à relativiser cette information et à en comprendre les implications. Ils ne se sentent pas très à l'aise pour en parler avec leurs amis et, parfois même, ils préfèrent ne pas informer leur compagne.
Dans le présent article, nous développerons une réflexion sur la possibilité d'offrir un meilleur support thérapeutique à ces hommes et aussi à toutes personnes présentant un trouble de la fonction sexuelle où la présence d'un ou plusieurs facteurs organiques a été révélée par l'évaluation biomédicale. Nous appelerons cette démarche la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle.
Problématique
Il est généralement admis que les causes des troubles sexuels peuvent se regrouper en deux grandes catégories : les causes organiques et les causes psychogènes. Cette vision dichotomique amène certains thérapeutes à choisir un traitement type pour chacune de ces catégories. Ainsi, un trouble d'étiologie organique sera traité médicalement (médication, opération, prothèse) et un trouble d'étiologie psychogène sera orienté vers une thérapie sexuelle. Généralement, la découverte d'un seul élément de nature organique, susceptible de nuire à la réponse sexuelle, exclut la possibilité d'un diagnostic d'étiologie psychogène. Par exemple, un homme souffrant d'un trouble érectile, chez qui l'investigation médicale aurait permis de découvrir une hyperglycémie, se fera dire que son trouble érectile est causé par le diabète. Le traitement qui lui sera proposé sera exclusivement médical. Les éléments d'ordre psychoaffectif, qui peuvent aussi contribuer au maintien de la dysfonction érectile, risquent alors d'être laissés de côté. Dans la vie en général, cet homme est-il anxieux? Est-il inquiet ou très préoccupé par des problèmes relationnels? Il est possible de se demander si cette vision dichotomique de l'étiologie des troubles sexuels permet de saisir toute la réalité d'une dysfonction sexuelle.
Certains auteurs proposent, par ailleurs, d'évaluer les troubles sexuels, non pas de façon dichotomique, mais en tenant compte autant de l'axe organique que de l'axe psychosexuel (Guldner et Guldner, 1991; LoPiccolo, 1985; LoPiccolo et Stock, 1986; LoPiccolo, 1988). Ils montrent ainsi que les troubles sexuels peuvent avoir une origine organique et psychosexuelle en même temps.
La littérature traitant du traitement des dysfonctions sexuelles fait mention depuis peu d'une collaboration nécessaire entre l'intervention médicale et la sexothérapie (Buvat et al., 1984). Le présent article propose une démarche où le traitement médical et le traitement sexothérapeutique sont en constante interaction pour en arriver à la la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle.
Durant la dernière décennie, l'amélioration des techniques biomédicales a permis de préciser davantage le diagnostic des dysfonctions sexuelles. Ce développement a été particulièrement important dans le domaine de la dysfonction érectile. Les équipes spécialisées dans le diagnostic des dysfonctions sexuelles identifient plus fréquemment la présence d'une atteinte organique. Mais il n'est pas toujours possible de préciser l'impact réel de ces atteintes et, souvent, il n'est pas plus facile de distinguer entre une dysfonction sexuelle organique, une dysfonction sexuelle mixte ou une dysfonction sexuelle psychogène.
Maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle
Définition
Dans le cadre d'une consultation sexologique, la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle (M.R.S.S.) est un objectif thérapeutique qui vise à développer une plus grande satisfaction de l'expression de la sexualité et à améliorer la fonction sexuelle chez des patients présentant une atteinte organique. Cet objectif peut être formulé pour tous les types de dysfonction sexuelle.
S'il s'agit d'un trouble sexuel d'origine strictement organique, il est possible de maximiser la réponse et la satisfaction sexuelle en évaluant et en favorisant le développement de certains éléments de la sexualité (l'expression de la féminité ou de la masculinité, les fantaisies sexuelles, la relation de couple, le contexte, l'amélioration de l'expression corporelle, etc.). S'il s'agit d'un trouble sexuel d'origine mixte, le fait de lever ou d'atténuer l'impact des causes psycho-sexuelles peut aider à rétablir un fonctionnement sexuel qui soit satisfaisant pour le patient.
Par ailleurs, il est important de noter que la M.R.S.S. ne reposent pas sur une seule approche sexo-thérapeutique (sexoanalyse, existentielle, psychodynamique, comportementale, etc.). Cet objectif thérapeutique s'atteint en considérant un certain nombre d'étapes déterminantes (que nous verrons plus loin).
De plus, cette démarche ne peut se limiter aux seuls volets de la sexualité que sont les connaissances et les habiletés. Elle doit s'intéresser au processus de maturation des dimensions sexuelles du psychisme humain. Samson (1976, p. 63) le définit comme "le processus de développement psychosexuel qui comprend l'intégration lente et plus ou moins réussie de la sexualité et de son exercice". Ce développement, qui peut s'effectuer durant les consultations cliniques, ne peut pas privilégier l'aspect cognitif au détriment de l'aspect affectif. Il faut tenir compte de la connaissance de la nature de la difficulté sexuelle, de l'impact du désordre organique sur la fonction sexuelle et des émotions suscitées par cette situation. La maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle doit respecter et contribuer au développement intégral de la personne.
Justification théoriqueRenshaw (1988) soutient qu'un bon traitement doit être adapté aux besoins et aux valeurs du patient, plutôt que d'enfermer ce dernier dans le moule d'une technique particulière ou d'un programme précis. En maintenant deux voies parallèles de traitement des troubles sexuels, traitement biomédical ou traitement psychosexuel, peut-être voulons-nous enfermer la personne dans un modèle conceptuel réducteur? L'existence d'un trouble organique élimine-t-elle la possibilité d'un trouble psychosexuel? Un homme impuissant qui prend une médication antihypertensive, peut-il aussi avoir des difficultés conjugales?
Kockott et al. (1980) ont mis en lumière que les impuissants diabétiques tout comme les sujets avec un trouble sexuel d'origine psychogène ressentaient beaucoup d'anxiété. C'est pourquoi, ils considèrent que les impuissants diabétiques devraient bénéficier d'un counseling sexuel. Ces consultations ont pour objectif de diminuer l'anxiété et favoriser l'expression de la physiologie sexuelle.
Il est possible de combiner une thérapie sexuelle et un traitement médical pour certains types de problématiques sexuelles, par exemple : l'utilisation d'une médication anxiolytique accompagnée d'une thérapie sexuelle dans certains cas de phobie sexuelle (Kaplan, 1987).
Afin de départager l'importance de la contribution des facteurs psychogènes et organiques, Buvat et al. (1984) proposent une stratégie pour évaluer les patients avec un trouble érectile.
1) l'utilisation diagnostique de la pléthysmographie pénienne nocturne (nocturnal penile tumescence N.P.T.),
2) traitement médicamenteux et/ou sexothérapie pendant 6 mois,
3) les conseils d'un sexothérapeute habitué à traiter les problèmes sexuels.
Finalement, il convient de noter que certains patients éprouveront de l'inquiétude face à l'évolution de la biotechnologie; surtout en ce qui concerne le traitement biomédical des troubles érectiles où une grande variété de moyens plus ou moins agressifs existent (prothèse pénienne externe de type aspiration et constriction, chirurgie de revascularisation pénienne, injection intra-caverneuse de substances vasoactives, prothèse pénienne interne, ligature veineuse).
En plus d'éveiller de l'incertitude chez le patient, la partenaire peut aussi se demander ce qu'il adviendra après tous ces traitements. Ainsi, qu'en est-il du désir sexuel d'une femme lorsque son conjoint s'injecte une substance vasoactive ou encore actionne le mécanisme de sa prothèse pénienne interne? Est-il possible d'érotiser ces mécanismes externes qui peuvent être indépendants d'une excitation psychique?
Étapes de la démarches thérapeutique
En considérant les éléments précédents, il est possible de présenter une séquence thérapeutique dont l'objectif est la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle.
Habituellement, il n'y a pas qu'un seul traitement biomédical possible. De plus, il est possible de classer ces interventions cliniques en tenant compte de leur aspect "agressif" : 1) médication, 2) prothèse pénienne externe de type aspiration et constriction, 3) injection intracaverneuse, 4) prothèse pénienne interne.
3.3) Phase 3 : arrêt du traitement biomédical, sexothérapie adaptative
Monsieur s'est présenté en entrevue en mentionnant qu'il avait des difficultés d'érection depuis deux ans. L'histoire médicale révéla qu'il était devenu diabétique environ une année après avoir subi une intervention chirurgicale au pancréas. Un de ses médecins avait aussi diagnostiqué une sténose de l'artère rénale et deux mois avant qu'il consulte en sexologie, le médecin avait procédé à la dilatation de ses deux artères iliaques externes qui étaient obturées à 80%. Il souffrait aussi de polynévrite. Une hernie discale l'empêchait de travailler sur une base régulière. Il avait des ulcères d'estomac. Monsieur prenait les médicaments suivants : Insuline, Cotazym, Vit B6, Halcion, Lectopam, Cimétidine. Lors de l'examen médical de la fonction sexuelle, les bilans biochimique, hormonal, vasculaire étaient normaux. Le réflexe bulbocaverneux était normal. Le test à la papavérine fut normal. Lors de l'utilisation du Snap Gauge, les trois bandes furent brisées. L'évaluation avec le Doppler pénien fut normal. Depuis deux ans, Monsieur ne fumait plus et ne consommait pas d'alcool.
Il se décrivait comme une personne très tendue. Il exprimait peu ses émotions. Malgré un test de Beck normal, les entrevues cliniques révélèrent un homme dépressif qui n'avait plus d'intérêt dans la vie. Durant la dernière année, son père et sa mère étaient décédés.
Les premières entrevues ont permis d'identifier plusieurs types de souffrance. Il se percevait comme un condamné en attente de la mort, incapable de subvenir seul à ses besoins et à ceux de sa femme. Durant toute sa vie, il s'était défini par son travail, son rôle de pourvoyeur, et sa "puissance" érectile.
À la dernière entrevue, Monsieur a mentionné qu'il rencontrait durant la semaine son chirurgien vasculaire pour ses jambes. Par la suite, ils ne sont plus jamais revenus en consultation. Par téléphone, Madame nous a appris que le chirurgien leur avait dit que d'autres artères s'étaient bloquées et qu'il ne devait pas perdre son temps à consulter un sexologue. La veille de sa visite médicale, Madame nous a dit qu'ils avaient eu, comme ce fut le cas les semaines précédentes, un échange sexuel très satisfaisant. Après le diagnostic, Monsieur a perdu l'intérêt à vivre qui commençait à l'habiter de nouveau, il attendait son intervention chirurgicale et la fin de sa vie.
Illustration clinique 2
Il s'agit d'un couple dans la cinquantaine, marié, qui demande un traitement pour une baisse de désir secondaire (homme), une dysfonction érectile secondaire mixte (vasculogène), éjaculation rétrograde probable (quelques fois antégrade).
L'évaluation biomédicale met en lumière les points suivants : opération pour une fibrose d'un uretère, bilan vasculaire pénien anormal (une des deux artères caverneuses étant absente, mais avec la présence possible d'une artère collatérale), test de pléthysmographie pénienne nocturne avec rigidimétrie anormal avec une rigidité limite. De plus, un urologue lui a dit que c'était fini et qu'il faudrait absolument des injections intracaverneuses pour avoir à nouveau une érection et que pour le trouble d'éjaculation, il n'y avait rien à faire. Lors d'un test de Doppler, Monsieur entend les réflexions des internes disant que pour lui c'était fini.
La démarche sexothérapeutique s'est effectuée en couple. Dès les premières entrevues, lors des activités de resensibilisation corporelle, Monsieur montre des érections satisfaisantes. À la huitième entrevue, ils disent avoir eu 2 relations sexuelles avec pénétration et éjaculation intravaginale. Ils se disent heureux. La capacité d'éjaculer est rétablie, ce qui n'est pas sans faire plaisir à Monsieur.
Lors d'une entrevue de suivi (1 mois), le couple rapporte que les changements se sont maintenus. Cependant, une autre opération pour rendre perméable un uretère fibrosé a eu comme conséquence de diminuer la fréquence des relations sexuelles. Sept mois plus tard, le fonctionnement et la satisfaction de la réponse sexuelle étaient maintenus.
Discussion
Dans les deux illustrations cliniques précédentes, certaines caractéristiques communes peuvent être ressorties. Les deux hommes présentaient une dysfonction érectile secondaire. Le bilan bio-médical montre un problème organique pouvant expliquer l'existence d'une dysfonction. De plus, on remarque la présence de facteurs iatrogènes influençant la réponse sexuelle de ces hommes.
De façon à illustrer les risques d'une intervention médicale intempestive et réductrice, nous avons appliqué les critères de Schover (1989) pour la sélection des candidats à l'implantation d'une prothèse pénienne interne aux deux cas illustrés. Il s'agit en effet d'une des interventions les plus "agressives". Ainsi, il serait possible de considérer que ces deux hommes sont de bons candidats à l'implantation d'une prothèse pénienne. Mais, ils ont tous les deux amélioré leur réponse et leur satisfaction sexuelle avec une sexothérapie. Pour le cas 1, cette amélioration s'est maintenue jusqu'au moment où un médecin lui a suggéré d'annuler sa démarche thérapeutique parce qu'il venait de mettre en évidence un blocage artériel. Ce blocage, selon le médecin, devait empêcher toute érection; ceci sans tenir compte que le patient avait des érections satisfaisantes la veille de la consultation médicale. S'agit-il d'une impuissance iatrogène?
Afin de mieux répondre à l'aspect multicausal des troubles sexuels, une démarche thérapeutique originale est proposée. Il s'agit d'une collaboration entre un traitement biomédical et un traitement psychosexuel. Les auteurs discutent de l'utilité d'une telle démarche, de sa pertinence, de la façon de la mettre en place.
Mots- clés
Thérapie sexuelle - Étiologie organique - Dysfonction sexuelle
Introduction
Lorsqu'un homme apprend que les résultats de ses examens médicaux pourraient expliquer sa difficulté à obtenir ou maintenir son érection, de quelle façon peut-on l'aider? Souvent, cela est vécu comme un handicap très difficile à accepter. Les hommes qui apprennent qu'ils ont une fuite veineuse du corps caverneux gauche, ou encore que leurs artères caverneuses sont bloquées à 20%, ont beaucoup de difficulté à relativiser cette information et à en comprendre les implications. Ils ne se sentent pas très à l'aise pour en parler avec leurs amis et, parfois même, ils préfèrent ne pas informer leur compagne.
Dans le présent article, nous développerons une réflexion sur la possibilité d'offrir un meilleur support thérapeutique à ces hommes et aussi à toutes personnes présentant un trouble de la fonction sexuelle où la présence d'un ou plusieurs facteurs organiques a été révélée par l'évaluation biomédicale. Nous appelerons cette démarche la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle.
Problématique
Il est généralement admis que les causes des troubles sexuels peuvent se regrouper en deux grandes catégories : les causes organiques et les causes psychogènes. Cette vision dichotomique amène certains thérapeutes à choisir un traitement type pour chacune de ces catégories. Ainsi, un trouble d'étiologie organique sera traité médicalement (médication, opération, prothèse) et un trouble d'étiologie psychogène sera orienté vers une thérapie sexuelle. Généralement, la découverte d'un seul élément de nature organique, susceptible de nuire à la réponse sexuelle, exclut la possibilité d'un diagnostic d'étiologie psychogène. Par exemple, un homme souffrant d'un trouble érectile, chez qui l'investigation médicale aurait permis de découvrir une hyperglycémie, se fera dire que son trouble érectile est causé par le diabète. Le traitement qui lui sera proposé sera exclusivement médical. Les éléments d'ordre psychoaffectif, qui peuvent aussi contribuer au maintien de la dysfonction érectile, risquent alors d'être laissés de côté. Dans la vie en général, cet homme est-il anxieux? Est-il inquiet ou très préoccupé par des problèmes relationnels? Il est possible de se demander si cette vision dichotomique de l'étiologie des troubles sexuels permet de saisir toute la réalité d'une dysfonction sexuelle.
Certains auteurs proposent, par ailleurs, d'évaluer les troubles sexuels, non pas de façon dichotomique, mais en tenant compte autant de l'axe organique que de l'axe psychosexuel (Guldner et Guldner, 1991; LoPiccolo, 1985; LoPiccolo et Stock, 1986; LoPiccolo, 1988). Ils montrent ainsi que les troubles sexuels peuvent avoir une origine organique et psychosexuelle en même temps.
La littérature traitant du traitement des dysfonctions sexuelles fait mention depuis peu d'une collaboration nécessaire entre l'intervention médicale et la sexothérapie (Buvat et al., 1984). Le présent article propose une démarche où le traitement médical et le traitement sexothérapeutique sont en constante interaction pour en arriver à la la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle.
Durant la dernière décennie, l'amélioration des techniques biomédicales a permis de préciser davantage le diagnostic des dysfonctions sexuelles. Ce développement a été particulièrement important dans le domaine de la dysfonction érectile. Les équipes spécialisées dans le diagnostic des dysfonctions sexuelles identifient plus fréquemment la présence d'une atteinte organique. Mais il n'est pas toujours possible de préciser l'impact réel de ces atteintes et, souvent, il n'est pas plus facile de distinguer entre une dysfonction sexuelle organique, une dysfonction sexuelle mixte ou une dysfonction sexuelle psychogène.
Maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle
Définition
Dans le cadre d'une consultation sexologique, la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle (M.R.S.S.) est un objectif thérapeutique qui vise à développer une plus grande satisfaction de l'expression de la sexualité et à améliorer la fonction sexuelle chez des patients présentant une atteinte organique. Cet objectif peut être formulé pour tous les types de dysfonction sexuelle.
S'il s'agit d'un trouble sexuel d'origine strictement organique, il est possible de maximiser la réponse et la satisfaction sexuelle en évaluant et en favorisant le développement de certains éléments de la sexualité (l'expression de la féminité ou de la masculinité, les fantaisies sexuelles, la relation de couple, le contexte, l'amélioration de l'expression corporelle, etc.). S'il s'agit d'un trouble sexuel d'origine mixte, le fait de lever ou d'atténuer l'impact des causes psycho-sexuelles peut aider à rétablir un fonctionnement sexuel qui soit satisfaisant pour le patient.
Par ailleurs, il est important de noter que la M.R.S.S. ne reposent pas sur une seule approche sexo-thérapeutique (sexoanalyse, existentielle, psychodynamique, comportementale, etc.). Cet objectif thérapeutique s'atteint en considérant un certain nombre d'étapes déterminantes (que nous verrons plus loin).
De plus, cette démarche ne peut se limiter aux seuls volets de la sexualité que sont les connaissances et les habiletés. Elle doit s'intéresser au processus de maturation des dimensions sexuelles du psychisme humain. Samson (1976, p. 63) le définit comme "le processus de développement psychosexuel qui comprend l'intégration lente et plus ou moins réussie de la sexualité et de son exercice". Ce développement, qui peut s'effectuer durant les consultations cliniques, ne peut pas privilégier l'aspect cognitif au détriment de l'aspect affectif. Il faut tenir compte de la connaissance de la nature de la difficulté sexuelle, de l'impact du désordre organique sur la fonction sexuelle et des émotions suscitées par cette situation. La maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle doit respecter et contribuer au développement intégral de la personne.
Justification théoriqueRenshaw (1988) soutient qu'un bon traitement doit être adapté aux besoins et aux valeurs du patient, plutôt que d'enfermer ce dernier dans le moule d'une technique particulière ou d'un programme précis. En maintenant deux voies parallèles de traitement des troubles sexuels, traitement biomédical ou traitement psychosexuel, peut-être voulons-nous enfermer la personne dans un modèle conceptuel réducteur? L'existence d'un trouble organique élimine-t-elle la possibilité d'un trouble psychosexuel? Un homme impuissant qui prend une médication antihypertensive, peut-il aussi avoir des difficultés conjugales?
Kockott et al. (1980) ont mis en lumière que les impuissants diabétiques tout comme les sujets avec un trouble sexuel d'origine psychogène ressentaient beaucoup d'anxiété. C'est pourquoi, ils considèrent que les impuissants diabétiques devraient bénéficier d'un counseling sexuel. Ces consultations ont pour objectif de diminuer l'anxiété et favoriser l'expression de la physiologie sexuelle.
Il est possible de combiner une thérapie sexuelle et un traitement médical pour certains types de problématiques sexuelles, par exemple : l'utilisation d'une médication anxiolytique accompagnée d'une thérapie sexuelle dans certains cas de phobie sexuelle (Kaplan, 1987).
Afin de départager l'importance de la contribution des facteurs psychogènes et organiques, Buvat et al. (1984) proposent une stratégie pour évaluer les patients avec un trouble érectile.
- 1) Examen clinique soigneux avec :
- a) grands axes endocriniens, particulièrement androgéniques,
- b) état vasculaire artériel et veineux,
- c) examen neurologique des membres inférieurs et du périnée,
- d) état des organes génitaux externes,
- e) prostate,
- f) état hépatique
- a) état de la libido,
- b) présence, même occasionnelle, d'érections fortes à 100%, durant au moins 5 minutes (nuit, matin, masturbation, autre partenaire), élimine presque à coup sûr une cause organique (vasculaire ou neuropathique),
- c) relation chronologique entre trouble sexuel et événement important (circonstances concomitantes),
- d) prise de médicaments,
- e) intoxication exogène.
1) l'utilisation diagnostique de la pléthysmographie pénienne nocturne (nocturnal penile tumescence N.P.T.),
2) traitement médicamenteux et/ou sexothérapie pendant 6 mois,
3) les conseils d'un sexothérapeute habitué à traiter les problèmes sexuels.
Finalement, il convient de noter que certains patients éprouveront de l'inquiétude face à l'évolution de la biotechnologie; surtout en ce qui concerne le traitement biomédical des troubles érectiles où une grande variété de moyens plus ou moins agressifs existent (prothèse pénienne externe de type aspiration et constriction, chirurgie de revascularisation pénienne, injection intra-caverneuse de substances vasoactives, prothèse pénienne interne, ligature veineuse).
En plus d'éveiller de l'incertitude chez le patient, la partenaire peut aussi se demander ce qu'il adviendra après tous ces traitements. Ainsi, qu'en est-il du désir sexuel d'une femme lorsque son conjoint s'injecte une substance vasoactive ou encore actionne le mécanisme de sa prothèse pénienne interne? Est-il possible d'érotiser ces mécanismes externes qui peuvent être indépendants d'une excitation psychique?
Étapes de la démarches thérapeutique
En considérant les éléments précédents, il est possible de présenter une séquence thérapeutique dont l'objectif est la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle.
- 1) Présentation d'un trouble sexuel
2) Évaluation
- 2.1) Évaluation biomédicale : bilan vasculaire, endocrinien, neurologique, facteur iatrogène
- 2.2) Évaluation sexologique : noter l'impact de la perte de la fonction sexuelle sur la personne (identité, intérêt à vivre, fantaisie, etc.)
- 3.1) Phase 1 : biomédical non spécifique et thérapie sexuelle
- 3.1.1) Traitement biomédical : intervention qui n'a pas de répercussion spécifique sur la réponse sexuelle mais, qui peut agir sur la santé générale si nécessaire; ne pas nuire, ne rien tenter pour l'instant. (Par exemple, le contrôle de la glycémie)
- 3.1.2) Traitement sexologique : thérapie sexuelle, en mettant l'emphase sur l'amélioration de la réponse et de la satisfaction sexuelle. (Par exemple, la conscientisation des pertes et leurs répercussions sur la vie sexuelle future) À ce point, l'atteinte des objectifs est évalué. Si le patient considère que sa fonction sexuelle est adéquate et qu'en plus il en est satisfait, le traitement peut s'arrêter. Dans le cas contraire, il peut être proposé au patient d'entreprendre l'étape suivante de la démarche thérapeutique.
- 3.2.1) Traitement biomédical : intervention axée sur le symptôme sexuel; par exemple, utilisation d'une médication qui peut faciliter l'activation des mécanismes physiologiques de l'érection
- 3.2.2) Traitement sexologique : vise à aider le patient à bien intégrer le traitement biomédical, tout en tentant d'améliorer la fonction sexuelle par une synergie entre la médication et la sexothérapie. (Colson et Bionierbale-Branchereau, 1991)
- 3.2) Phase 2 : biomédical spécifique et thérapie sexuelle d'adaptation au traitement médical
Habituellement, il n'y a pas qu'un seul traitement biomédical possible. De plus, il est possible de classer ces interventions cliniques en tenant compte de leur aspect "agressif" : 1) médication, 2) prothèse pénienne externe de type aspiration et constriction, 3) injection intracaverneuse, 4) prothèse pénienne interne.
3.3) Phase 3 : arrêt du traitement biomédical, sexothérapie adaptative
- 3.3.1) Traitement biomédical : aucune intervention sexuelle spécifique ou fin de l'intervention biomédical
- 3.3.2) Traitement sexologique : l'objectif du traitement est d'aider le patient à considérer la nature irrémédiable de son trouble sexuel et à l'aider à passer à travers les étapes de ce deuil. De plus, le patient devra redéfinir de nouvelles modalités d'expression de sa sexualité.
- Il est possible qu'il n'y ait aucun traitement biomédical efficace pour un type particulier de trouble sexuel, ou encore que toutes les alternatives acceptables aient été tentées. Dans ces circonstances, la démarche thérapeutique aura pour objet de faciliter l'acceptation des conséquences physiologiques irrémédiables du trouble sexuel et d'aider le patient à passer par les étapes d'adaptation que nécessitent cette perte fonctionnelle.
Monsieur s'est présenté en entrevue en mentionnant qu'il avait des difficultés d'érection depuis deux ans. L'histoire médicale révéla qu'il était devenu diabétique environ une année après avoir subi une intervention chirurgicale au pancréas. Un de ses médecins avait aussi diagnostiqué une sténose de l'artère rénale et deux mois avant qu'il consulte en sexologie, le médecin avait procédé à la dilatation de ses deux artères iliaques externes qui étaient obturées à 80%. Il souffrait aussi de polynévrite. Une hernie discale l'empêchait de travailler sur une base régulière. Il avait des ulcères d'estomac. Monsieur prenait les médicaments suivants : Insuline, Cotazym, Vit B6, Halcion, Lectopam, Cimétidine. Lors de l'examen médical de la fonction sexuelle, les bilans biochimique, hormonal, vasculaire étaient normaux. Le réflexe bulbocaverneux était normal. Le test à la papavérine fut normal. Lors de l'utilisation du Snap Gauge, les trois bandes furent brisées. L'évaluation avec le Doppler pénien fut normal. Depuis deux ans, Monsieur ne fumait plus et ne consommait pas d'alcool.
Il se décrivait comme une personne très tendue. Il exprimait peu ses émotions. Malgré un test de Beck normal, les entrevues cliniques révélèrent un homme dépressif qui n'avait plus d'intérêt dans la vie. Durant la dernière année, son père et sa mère étaient décédés.
Les premières entrevues ont permis d'identifier plusieurs types de souffrance. Il se percevait comme un condamné en attente de la mort, incapable de subvenir seul à ses besoins et à ceux de sa femme. Durant toute sa vie, il s'était défini par son travail, son rôle de pourvoyeur, et sa "puissance" érectile.
À la dernière entrevue, Monsieur a mentionné qu'il rencontrait durant la semaine son chirurgien vasculaire pour ses jambes. Par la suite, ils ne sont plus jamais revenus en consultation. Par téléphone, Madame nous a appris que le chirurgien leur avait dit que d'autres artères s'étaient bloquées et qu'il ne devait pas perdre son temps à consulter un sexologue. La veille de sa visite médicale, Madame nous a dit qu'ils avaient eu, comme ce fut le cas les semaines précédentes, un échange sexuel très satisfaisant. Après le diagnostic, Monsieur a perdu l'intérêt à vivre qui commençait à l'habiter de nouveau, il attendait son intervention chirurgicale et la fin de sa vie.
Illustration clinique 2
Il s'agit d'un couple dans la cinquantaine, marié, qui demande un traitement pour une baisse de désir secondaire (homme), une dysfonction érectile secondaire mixte (vasculogène), éjaculation rétrograde probable (quelques fois antégrade).
L'évaluation biomédicale met en lumière les points suivants : opération pour une fibrose d'un uretère, bilan vasculaire pénien anormal (une des deux artères caverneuses étant absente, mais avec la présence possible d'une artère collatérale), test de pléthysmographie pénienne nocturne avec rigidimétrie anormal avec une rigidité limite. De plus, un urologue lui a dit que c'était fini et qu'il faudrait absolument des injections intracaverneuses pour avoir à nouveau une érection et que pour le trouble d'éjaculation, il n'y avait rien à faire. Lors d'un test de Doppler, Monsieur entend les réflexions des internes disant que pour lui c'était fini.
La démarche sexothérapeutique s'est effectuée en couple. Dès les premières entrevues, lors des activités de resensibilisation corporelle, Monsieur montre des érections satisfaisantes. À la huitième entrevue, ils disent avoir eu 2 relations sexuelles avec pénétration et éjaculation intravaginale. Ils se disent heureux. La capacité d'éjaculer est rétablie, ce qui n'est pas sans faire plaisir à Monsieur.
Lors d'une entrevue de suivi (1 mois), le couple rapporte que les changements se sont maintenus. Cependant, une autre opération pour rendre perméable un uretère fibrosé a eu comme conséquence de diminuer la fréquence des relations sexuelles. Sept mois plus tard, le fonctionnement et la satisfaction de la réponse sexuelle étaient maintenus.
Discussion
Dans les deux illustrations cliniques précédentes, certaines caractéristiques communes peuvent être ressorties. Les deux hommes présentaient une dysfonction érectile secondaire. Le bilan bio-médical montre un problème organique pouvant expliquer l'existence d'une dysfonction. De plus, on remarque la présence de facteurs iatrogènes influençant la réponse sexuelle de ces hommes.
De façon à illustrer les risques d'une intervention médicale intempestive et réductrice, nous avons appliqué les critères de Schover (1989) pour la sélection des candidats à l'implantation d'une prothèse pénienne interne aux deux cas illustrés. Il s'agit en effet d'une des interventions les plus "agressives". Ainsi, il serait possible de considérer que ces deux hommes sont de bons candidats à l'implantation d'une prothèse pénienne. Mais, ils ont tous les deux amélioré leur réponse et leur satisfaction sexuelle avec une sexothérapie. Pour le cas 1, cette amélioration s'est maintenue jusqu'au moment où un médecin lui a suggéré d'annuler sa démarche thérapeutique parce qu'il venait de mettre en évidence un blocage artériel. Ce blocage, selon le médecin, devait empêcher toute érection; ceci sans tenir compte que le patient avait des érections satisfaisantes la veille de la consultation médicale. S'agit-il d'une impuissance iatrogène?
Critères
1. Bonne adaptation psychologique en général 2. Bonne capacité à initier des rencontres sexuelles et à faire part de ses désirs durant les rencontres sexuelles. 3. Accord entre les partenaires à propos de la (désir) fréquence et de la variété des comportements sexuels (variété) 4. Bonne capacité à exprimer de l'affection dans un contexte non sexuel 5. Dans le contexte d'une relation de couple stable, bonne satisfaction pour les deux partenaires 6. Malgré la difficulté érectile, maintien d'une relation sexuelle avec orgasme pour les deux partenaires 7. Bonne connaissance de la physiologie sexuelle et de son vieillissement et comment s'adapter à ces changements 8. Absence d'autre dysfonction sexuelle 9. Présence d'un facteur organique causant la dysfonction érectile |
Cas 1
oui oui F>H baisse oui oui oui oui oui oui |
Cas 2
oui oui F>H baisse baisse oui oui oui oui oui |
Relation thérapeutique et maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle
C'est en aidant le patient à clarifier ce qu'il attend du traitement qu'il est possible de faciliter son choix. Il prendra par la suite les moyens appropriés pour améliorer la satisfaction de sa vie sexuelle. C'est pourquoi il faut comme intervenant se centrer sur le patient, sur ce qu'il connait de lui-même, ce qu'il ressent et fait. C'est le client lui-même qui s'adaptera à sa nouvelle situation. Il ne faut pas lui imposer ou lui suggérer une traitement particulier (e.g. une prothèse interne) s'il ne peut l'intégrer à ce qu'il est. D'ailleurs, peut-être avons-nous là l'explication de la sous-utilisation que certains patients font de leur prothèse interne. Meirieu (1989, p. 100), un pédagogue, a eu une très belle expression que nous pourrions reprendre dans les circonstances. Il faut "parier de toutes ses forces dans le développement d'autrui et lui fournir tous les moyens possibles sans exiger d'être payé en retour dans un produit où nous pourrions nous admirer".
Même si une cause organique semble être entièrement responsable d'une dysfonction sexuelle, le patient évaluera avec plus de facilité la solution qui lui convient s'il existe une collaboration entre le médecin traitant et un sexologue clinicien. Dans sa démarche, le client doit bien saisir les objectifs poursuivis par la thérapie sexuelle. Les patients avec un trouble sexuel ne comprennent pas toujours la nécessité de suivre une sexothérapie lorsque le médecin leur a dit que les examens médicaux avaient permis d'identifier un problème organique. En effet, le client peut percevoir une opposition entre ses attentes fonctionnalistes et celles poursuivies par la sexothérapie. Il souhaite retrouver l'usage de sa fonction sexuelle. Pour qu'il accepte d'améliorer la qualité de la réponse et de la satisfaction sexuelle, le client doit percevoir ou comprendre l'interdépendance des différentes caractéristiques qui composent la sexualité humaine.
Williams et Gregoire (1988) affirment que la thérapie sexuelle est nécessaire dans le traitement de l'impuissance puisqu'il existe toujours un élément psychogène dans une dysfonction érectile (Leriche, 1991). Ils mentionnent que l'utilisation de traitement" médicaux "moins agressifs" (prothèse externe, l'injection intracaverneuse de substances vasoactives) ou le choix d'interventions "plus agressives" (l'implantation de prothèse pénienne interne) permettront effectivement de contourner les causes organiques. Cependant, même s'ils peuvent diminuer la peur de l'échec et redonner une certaine confiance en soi, tous ces nouveaux traitements médicaux ne font pas disparaître les inquiétudes individuelles qui existaient auparavant et celles qui sont créées par l'utilisation de ces traitements. Ce sont là des correctifs (e.g. substances vasoactives, prothèse pénienne) qui demeurent non intégrés à la personne, sauf si elle donne un sens qui lui est propre à cette solution.
Durant la démarche thérapeutique, le client essayera de développer une conscience élargie des éléments qui composent sa satisfaction sexuelle. De plus, il comprendra la nature et l'impact des atteintes organiques sur sa fonction sexuelle. Plusieurs patients ne recoivent pas l'information suffisante à la compréhension de leur difficulté sexuelle. La juste appréciation de la dysfonction permettra à celui qui le désire de trouver en lui-même toute la créativité dont il aura besoin pour redéfinir une façon d'agir en harmonie avec ce qu'il ressent devant cette nouvelle situation qui exige beaucoup d'adaptation.
Avantages de la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle
Il existe plusieurs avantages à combiner un traitement biomédical à un traitement psychosexuel. Ainsi, l'utilisation de substances vasoactives et du counseling psychosexuel amènent une amélioration au niveau de la réponse sexuelle et de la motivation (Williams et Gregoire, 1988; Colson et Bionierbale-Branchereau, 1991). De plus, la thérapie sexuelle permet de traiter le conjoint qui pourrait aussi souffrir d'une dysfonction sexuelle. Cette situation se retrouverait chez environ 30% des couples (Renshaw, 1988; Williams et Gregoire, 1988). Par ailleurs, même si techniquement l'intervention a été parfaitement réussie, il existe des cas où le patient est incapable d'utiliser sa prothèse pénienne interne à cause de difficultés relationnelles (Krauss et al., 1983).
Conclusion
Il nous semble qu'il ne faut pas traiter seulement par la médecine un trouble sexuel parce qu'on a identifié un facteur organique. Au contraire, il devient intéressant alors de miser sur une démarche thérapeutique taillée sur mesure pour répondre aux besoins du client plutôt qu'une application d'une technique thérapeutique particulière (médicale ou psychosexuelle). Ne serait-il pas inconvenant que la satisfaction sexuelle d'une personne repose sur des traitements médicaux qui ne respectent pas ses attitudes, ses intérêts?
Bibliographie
Buvat, J., Buvat-Herbaut, M., Lemaitre, A.: Évaluation des participations psychologique et organique à l'origine d'une impuissance érectile. Cahiers de sexologie clinique, 1984; 10,55: pp 21-27.
Buvat, J., Drosdowsky, M. (coord.): Fonctions sexuelle et reproductrice du diabétique. Doin éditeurs, Paris, 1984; 228 p.
Colson, M.H., Bionierbale-Branchereau, M.: Une thérapie comportementale par injections intracaverneuses. Sexologies, 1991; 1,2: pp 18-21.
Gloor, P.-A.: Les impuissances masculines : diagnostic et projet thérapeutique. Psychologie médicale, 1982; 14,8: pp 1191-1193.
Guldner, G.T., Guldner, C.A.: Erectile Dysfunction : An Introduction to Assessment and Treatment Models. SIECCAN Journal, 1991; 6,2: pp 3-14.
Kaplan, H.S.: Sexual Aversion, Sexual Phobias and Panic Disorders. Brunner/Mazel, New York, 1987; 158 p.
Kockott, G., Feil, W., Revenstorf, D., Aldenhoff, J., Besinger, U.: Symptomatology and Psychological Aspects of Mal Sexual Inadequacy : Results of an Experimental Study. Archives of Sexual Behavior, 1980; 9,9: pp 457-475.
Kosch, S.G., Curry jr, R.W., Kuritzky, L.: Evaluation and Treatment of Impotence : A Pragmatic Approach Addressing Organic and Psychogenic Components. Family Practice Research Journal, 1988; 7,3: pp 162-174.
Krauss, D.J., Bogin, D., Culebras, A.: The failed penile prosthetic implantation despite technical success. Journal of Urology, 1983; 129: pp 969-971.
Leriche, A.: Les troubles de l'érection (2ième Partie). Sexologies, 1991; 1,2: pp 52-54.
LoPiccolo, J.: Diagnosis and Treatment of Male Sexual Dysfunction. Journal of Sex and Marital Therapy, 1985; 11,4: pp 215-232.
LoPiccolo, J.: Management of Psychogenic Erectile Failure. InTanagho, E.A., Lue, T.F. and McClure, R.D. (dir.).: Contemporary Management of Impotence and Infertility. Baltimore, Williams & Wilkins, 1988; pp 133-146.
LoPiccolo, J., Stock, W.E.: Treatment of Sexual Dysfunction. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1986; 54,2: pp 158-167.
Meirieu, P.: Enseigner, scénario pour un métier nouveau. ESF, Paris, 1989; 146 p.
Renshaw, D.C.: Profile of 2376 Patients Treated at Loyola Sex Clinic Between 1972 and 1987. Sexual and Marital Therapy, 1988; 3,1: pp 111-117.
Samson, J.M.: L'éducation sexuelle scolaire et le développement du jugement moral selon Lawrence Kohlberg. Note des cours de Didactique de l'éducation sexuelle I et II, Département de Sexologie, Université du Québec à Montréal, 1976; 126p.
Schover, L.R.: Sex therapy for the penile prosthesis recipient. Urologic Clinics of North America, 1989; 16: pp 91-98.
Williams, G., Gregoire, A.: Psychosexual Counselling : is it still justifiable in the treatment of impotence? Two comments. Sexual and Marital Therapy, 1988; 3,2: pp 145-147.
Wincze, J.P., Carey, M.P.: Integrating Psychosocial and Medical Approaches to Assessment and Treatement. In
Wincze, J.P., Carey, M.P.: Sexual Dysfunction, A Guide for Assessment and Treatment. The Guilford Press, New York, 1991; pp 124-139.
Wincze, J.P., Carey, M.P.: Sexual Dysfunction, A Guide for Assessment and Treatment. The Guilford Press, New York, 1991; 212 p.
Auteurs
Michel Goulet, M.A. et François Blanchette M.A.
Lieu de l'étude
Unité de dysfonctions et de développement sexuels, Hôpital St-Luc, 1058, rue St-Denis, Montréal, Québec, Canada, H2X 3J4.
Adresse de correspondance
Michel Goulet M.A., Université du Québec à Montréal, Département de Sexologie, C.P. 8888, Succ. A, Montréal, Québec, Canada, H3C 3P8.
English title
Maximisation of sexual response and satisfaction (M.S.R.S.) or use of sex therapy for treatment of organogenic sexual dysfunction.
Abstract
In a way to better address the multi-factorial aspect of sexual dysfunctions, a new step by step therapeutic approach is described. This approach hilight the collaboration between a biomedical treatment and a psychosexuel treatment. Autors discuss the usefulness of this approach and the methods.
Key words
Sex therapy - Organogenic etiology - Sexual Dysfunction
Auteur (en collaboration) : François Blanchette, M.A., Sexologue, Psychothérapeute.
Deux bureaux en Montérégie : St-Hyacinthe et Longueuil. Pour prendre rendez-vous.
Parution
Article paru dans la Revue Européenne de Sexologie Médicale (European Journal of Medical Sexology), Juin 1995, vol. IV, no 16 dans la section Recherche.
Article paru dans la revue Sexologie actuelle, vol IV, no 1, la revue de l'Association des sexologues du Québec.
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C'est en aidant le patient à clarifier ce qu'il attend du traitement qu'il est possible de faciliter son choix. Il prendra par la suite les moyens appropriés pour améliorer la satisfaction de sa vie sexuelle. C'est pourquoi il faut comme intervenant se centrer sur le patient, sur ce qu'il connait de lui-même, ce qu'il ressent et fait. C'est le client lui-même qui s'adaptera à sa nouvelle situation. Il ne faut pas lui imposer ou lui suggérer une traitement particulier (e.g. une prothèse interne) s'il ne peut l'intégrer à ce qu'il est. D'ailleurs, peut-être avons-nous là l'explication de la sous-utilisation que certains patients font de leur prothèse interne. Meirieu (1989, p. 100), un pédagogue, a eu une très belle expression que nous pourrions reprendre dans les circonstances. Il faut "parier de toutes ses forces dans le développement d'autrui et lui fournir tous les moyens possibles sans exiger d'être payé en retour dans un produit où nous pourrions nous admirer".
Même si une cause organique semble être entièrement responsable d'une dysfonction sexuelle, le patient évaluera avec plus de facilité la solution qui lui convient s'il existe une collaboration entre le médecin traitant et un sexologue clinicien. Dans sa démarche, le client doit bien saisir les objectifs poursuivis par la thérapie sexuelle. Les patients avec un trouble sexuel ne comprennent pas toujours la nécessité de suivre une sexothérapie lorsque le médecin leur a dit que les examens médicaux avaient permis d'identifier un problème organique. En effet, le client peut percevoir une opposition entre ses attentes fonctionnalistes et celles poursuivies par la sexothérapie. Il souhaite retrouver l'usage de sa fonction sexuelle. Pour qu'il accepte d'améliorer la qualité de la réponse et de la satisfaction sexuelle, le client doit percevoir ou comprendre l'interdépendance des différentes caractéristiques qui composent la sexualité humaine.
Williams et Gregoire (1988) affirment que la thérapie sexuelle est nécessaire dans le traitement de l'impuissance puisqu'il existe toujours un élément psychogène dans une dysfonction érectile (Leriche, 1991). Ils mentionnent que l'utilisation de traitement" médicaux "moins agressifs" (prothèse externe, l'injection intracaverneuse de substances vasoactives) ou le choix d'interventions "plus agressives" (l'implantation de prothèse pénienne interne) permettront effectivement de contourner les causes organiques. Cependant, même s'ils peuvent diminuer la peur de l'échec et redonner une certaine confiance en soi, tous ces nouveaux traitements médicaux ne font pas disparaître les inquiétudes individuelles qui existaient auparavant et celles qui sont créées par l'utilisation de ces traitements. Ce sont là des correctifs (e.g. substances vasoactives, prothèse pénienne) qui demeurent non intégrés à la personne, sauf si elle donne un sens qui lui est propre à cette solution.
Durant la démarche thérapeutique, le client essayera de développer une conscience élargie des éléments qui composent sa satisfaction sexuelle. De plus, il comprendra la nature et l'impact des atteintes organiques sur sa fonction sexuelle. Plusieurs patients ne recoivent pas l'information suffisante à la compréhension de leur difficulté sexuelle. La juste appréciation de la dysfonction permettra à celui qui le désire de trouver en lui-même toute la créativité dont il aura besoin pour redéfinir une façon d'agir en harmonie avec ce qu'il ressent devant cette nouvelle situation qui exige beaucoup d'adaptation.
Avantages de la maximisation de la réponse et de la satisfaction sexuelle
Il existe plusieurs avantages à combiner un traitement biomédical à un traitement psychosexuel. Ainsi, l'utilisation de substances vasoactives et du counseling psychosexuel amènent une amélioration au niveau de la réponse sexuelle et de la motivation (Williams et Gregoire, 1988; Colson et Bionierbale-Branchereau, 1991). De plus, la thérapie sexuelle permet de traiter le conjoint qui pourrait aussi souffrir d'une dysfonction sexuelle. Cette situation se retrouverait chez environ 30% des couples (Renshaw, 1988; Williams et Gregoire, 1988). Par ailleurs, même si techniquement l'intervention a été parfaitement réussie, il existe des cas où le patient est incapable d'utiliser sa prothèse pénienne interne à cause de difficultés relationnelles (Krauss et al., 1983).
Conclusion
Il nous semble qu'il ne faut pas traiter seulement par la médecine un trouble sexuel parce qu'on a identifié un facteur organique. Au contraire, il devient intéressant alors de miser sur une démarche thérapeutique taillée sur mesure pour répondre aux besoins du client plutôt qu'une application d'une technique thérapeutique particulière (médicale ou psychosexuelle). Ne serait-il pas inconvenant que la satisfaction sexuelle d'une personne repose sur des traitements médicaux qui ne respectent pas ses attitudes, ses intérêts?
Bibliographie
Buvat, J., Buvat-Herbaut, M., Lemaitre, A.: Évaluation des participations psychologique et organique à l'origine d'une impuissance érectile. Cahiers de sexologie clinique, 1984; 10,55: pp 21-27.
Buvat, J., Drosdowsky, M. (coord.): Fonctions sexuelle et reproductrice du diabétique. Doin éditeurs, Paris, 1984; 228 p.
Colson, M.H., Bionierbale-Branchereau, M.: Une thérapie comportementale par injections intracaverneuses. Sexologies, 1991; 1,2: pp 18-21.
Gloor, P.-A.: Les impuissances masculines : diagnostic et projet thérapeutique. Psychologie médicale, 1982; 14,8: pp 1191-1193.
Guldner, G.T., Guldner, C.A.: Erectile Dysfunction : An Introduction to Assessment and Treatment Models. SIECCAN Journal, 1991; 6,2: pp 3-14.
Kaplan, H.S.: Sexual Aversion, Sexual Phobias and Panic Disorders. Brunner/Mazel, New York, 1987; 158 p.
Kockott, G., Feil, W., Revenstorf, D., Aldenhoff, J., Besinger, U.: Symptomatology and Psychological Aspects of Mal Sexual Inadequacy : Results of an Experimental Study. Archives of Sexual Behavior, 1980; 9,9: pp 457-475.
Kosch, S.G., Curry jr, R.W., Kuritzky, L.: Evaluation and Treatment of Impotence : A Pragmatic Approach Addressing Organic and Psychogenic Components. Family Practice Research Journal, 1988; 7,3: pp 162-174.
Krauss, D.J., Bogin, D., Culebras, A.: The failed penile prosthetic implantation despite technical success. Journal of Urology, 1983; 129: pp 969-971.
Leriche, A.: Les troubles de l'érection (2ième Partie). Sexologies, 1991; 1,2: pp 52-54.
LoPiccolo, J.: Diagnosis and Treatment of Male Sexual Dysfunction. Journal of Sex and Marital Therapy, 1985; 11,4: pp 215-232.
LoPiccolo, J.: Management of Psychogenic Erectile Failure. InTanagho, E.A., Lue, T.F. and McClure, R.D. (dir.).: Contemporary Management of Impotence and Infertility. Baltimore, Williams & Wilkins, 1988; pp 133-146.
LoPiccolo, J., Stock, W.E.: Treatment of Sexual Dysfunction. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1986; 54,2: pp 158-167.
Meirieu, P.: Enseigner, scénario pour un métier nouveau. ESF, Paris, 1989; 146 p.
Renshaw, D.C.: Profile of 2376 Patients Treated at Loyola Sex Clinic Between 1972 and 1987. Sexual and Marital Therapy, 1988; 3,1: pp 111-117.
Samson, J.M.: L'éducation sexuelle scolaire et le développement du jugement moral selon Lawrence Kohlberg. Note des cours de Didactique de l'éducation sexuelle I et II, Département de Sexologie, Université du Québec à Montréal, 1976; 126p.
Schover, L.R.: Sex therapy for the penile prosthesis recipient. Urologic Clinics of North America, 1989; 16: pp 91-98.
Williams, G., Gregoire, A.: Psychosexual Counselling : is it still justifiable in the treatment of impotence? Two comments. Sexual and Marital Therapy, 1988; 3,2: pp 145-147.
Wincze, J.P., Carey, M.P.: Integrating Psychosocial and Medical Approaches to Assessment and Treatement. In
Wincze, J.P., Carey, M.P.: Sexual Dysfunction, A Guide for Assessment and Treatment. The Guilford Press, New York, 1991; pp 124-139.
Wincze, J.P., Carey, M.P.: Sexual Dysfunction, A Guide for Assessment and Treatment. The Guilford Press, New York, 1991; 212 p.
Auteurs
Michel Goulet, M.A. et François Blanchette M.A.
Lieu de l'étude
Unité de dysfonctions et de développement sexuels, Hôpital St-Luc, 1058, rue St-Denis, Montréal, Québec, Canada, H2X 3J4.
Adresse de correspondance
Michel Goulet M.A., Université du Québec à Montréal, Département de Sexologie, C.P. 8888, Succ. A, Montréal, Québec, Canada, H3C 3P8.
English title
Maximisation of sexual response and satisfaction (M.S.R.S.) or use of sex therapy for treatment of organogenic sexual dysfunction.
Abstract
In a way to better address the multi-factorial aspect of sexual dysfunctions, a new step by step therapeutic approach is described. This approach hilight the collaboration between a biomedical treatment and a psychosexuel treatment. Autors discuss the usefulness of this approach and the methods.
Key words
Sex therapy - Organogenic etiology - Sexual Dysfunction
Auteur (en collaboration) : François Blanchette, M.A., Sexologue, Psychothérapeute.
Deux bureaux en Montérégie : St-Hyacinthe et Longueuil. Pour prendre rendez-vous.
Parution
Article paru dans la Revue Européenne de Sexologie Médicale (European Journal of Medical Sexology), Juin 1995, vol. IV, no 16 dans la section Recherche.
Article paru dans la revue Sexologie actuelle, vol IV, no 1, la revue de l'Association des sexologues du Québec.
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